Éric de Bettignies : la force vitale
En fondant le cabinet de conseil Advancy en 1999 Éric de Bettignies n’a qu’un objectif : imaginer et mettre en place des stratégies véritablement efficaces pour les entreprises qu’il accompagne. Avec pragmatisme, rigueur et humanisme. Que ce soit envers ses clients – principalement des groupes internationaux –, envers ses associés ou envers les 230 consultants du cabinet répartis aux quatre coins du monde. Ultra-énergique et curieux de tout, cet entrepreneur cultive la différence et s’entoure de personnalités atypiques pour l’affirmer. Portrait d’un homme qui bat le pavé pour mieux conseiller.
Octobre 2022
Certains n'ont pas besoin de surjouer leur rôle de patron pour réussir. Éric de Bettignies en est la preuve. Cet ingénieur de formation dégage quelque chose de doux et de lumineux. Quelque chose de puissant et de déterminé aussi. Une détermination qui lui permet de tenir la barre d'Advancy et de ses 230 consultants répartis dans les 11 bureaux de la société, d'accompagner des groupes internationaux comme Nestlé, Saint-Gobain, Richemont… « J’ai toujours voulu être le médecin des entrepreneurs », affirme cet homme de terrain qui aime par-dessus tout décrypter le fonctionnement d’une entreprise. Ses atouts ? Sa capacité d’écoute, son envie de comprendre, son redoutable bon sens. Et un fourmillement d’idées permanent. « Il est à la fois brillant, rationnel, carré d’un côté, et totalement disruptif de l’autre », note Agnès Roquefort, directrice générale en charge du développement du groupe Accor et qui fut sa collaboratrice pendant plusieurs années. Éric de Bettignies le sait : si Advancy est un cabinet de conseil reconnu et réputé, c’est aussi grâce à l’implication de ses équipes qu’il a constituées à son image et manage avec autant d’exigence que d’énergie « C’est une pile électrique ! », assure Isabelle Paul, son assistante, avec une touche d’humour et de tendresse, soulignant au passage la fidélité et la loyauté de l’intéressé. Pas de coup bas avec Éric de Bettignies. Que ce soit avec ses clients, ses associés, ses collaborateurs ou dans son quotidien, les choses sont transparentes, le verbe clair et sans détour : « Je veux vivre en sachant que je n’ai rien à me reprocher », confie celui qui incarne mieux que quinconce le mot « résilience ». Rescapé d’un grave accident d’avion, l’homme frôle la mort en 2008. Un épisode qui, loin de l’affaiblir, le consolide. Et lui offre un regard singulier sur lui-même, la vie et les autres. « Éric a une vraie force vitale », confirme son associé et ami Sébastien David, avec qui il travaille depuis plus de vingt ans.
Éric de Bettignies et son équipe connaissent l’activité de leurs clients. C’est grâce à cela qu’ils peuvent analyser les sujets en profondeur et apporter des solutions réellement adaptées
« Théorie et pratique »
Une force qui ne date pas d’hier. Enfant, déjà, il tient à être utile, à aider les autres. « Je crois que j’avais envie de faire du bien autour de moi », confie celui qui, très tôt, décidera d’appliquer ce mantra aux entreprises et à leur fonctionnement. Après un passage en lycée militaire où il apprend la rigueur, cet esprit cartésien intègre une classe préparatoire, puis la prestigieuse école des Mines. Une formation qui marquera sa vie. La preuve : celui qui a été parmi les majors de sa promotion applique, aujourd'hui encore, la devise de l’établissement : « Théorie et pratique. » « Cela veut dire qu’avant de parler d’un sujet, il faut aller voir, comprendre les faits. Tant qu’on n’a pas vu, on ne peut rien dire. C’est une notion qui est très importante pour moi », explique celui qui, dès la sortie de l’école, aspire à découvrir le terrain.
À 23 ans, à la fin des années quatre-vingt, avide de découvrir le monde de l’entreprise, Éric de Bettignies intègre le cabinet Arthur Andersen. Pas en conseil en stratégie, mais en conseil en organisation et management. Son ambition ? Se familiariser avec les rouages de l’entreprise. « Mon rôle, à ce moment-là, consiste à comprendre une situation et à établir un plan stratégique, se souvient-il. C’est tout. » Oui mais voilà, tandis que les conseillers de sa génération préfèrent se limiter à la théorie, le jeune consultant insiste et tient à s’assurer que la stratégie imaginée est réellement efficace. « Je passe un peu pour un ovni à cette période », reconnaît-il, avec le sourire.
Pragmatique
Après avoir passé trois ans chez Arthur Andersen, l’ingénieur veut compléter sa formation, notamment en comptabilité. Il rejoint alors le cabinet Price, cette fois-ci en audit. Les missions sont denses et complexes. Besogneux et déterminé, il travaille jour et nuit. Mais pas question de rester cloîtré dans son confortable bureau parisien. Sur le terrain, il arpente les usines, sites de production, bureaux des grands groupes… Il s’interroge, regarde, s’intéresse. Une approche pragmatique qui ne passe pas inaperçue. Au bout de quelques mois, il est repéré par le groupe Lagardère. Son rôle ? Analyser des projets, de fusions internationales notamment, afin d’informer Jean-Luc Lagardère lui-même. « Je découvre un homme simple, accessible et avec un fort caractère, se souvient-il, avec respect et admiration. À ses côtés, j’apprends à avoir des idées, à viser haut. » Au bout de quelques années, il est chassé par le cabinet A. T. Kearney qui compte alors une quarantaine de consultants et qui cherche quelqu’un pour diriger des équipes de consultants en conseil en stratégie.
C’est un vrai challenge pour moi car, à ce moment-là, je ne maîtrise pas tous les outils nécessaires pour être manager, raconte avec sincérité et humilité celui qui redouble d’efforts pour être au niveau. C’est une période difficile. La pente est raide. J’ai à la fois une grande dose de travail et une certaine charge émotionnelle. » Peu importe. Il n’a pas peur de retrousser ses manches. Et le résultat est là : l’activité se développe et l’équipe s’agrandit. Éric de Bettignies applique toujours la même méthode. Il va sur le terrain, échange avec les personnes concernées, imagine une stratégie et s’assure de sa mise en œuvre. Au bout de quatre ans, fort de ces différentes expériences, il décide, à 33 ans, de fonder son propre cabinet.
Avec précision
« J’ai l’ambition de créer des stratégies réellement efficaces et utiles pour aider les entreprises à croître ou pour résoudre les difficultés qu’elles peuvent rencontrer », explique celui qui fonde la société aux côtés de trois autres professionnels, dont Sébastien David qui est toujours associé au sein de la structure. « Nous sommes véritablement les médecins des entreprises. Notre rôle, c’est de les comprendre, de leur détailler la stratégie que nous prévoyons et de nous assurer, ensuite, qu’elle fonctionne », poursuit-il. Lucide, l’ingénieur et ses compères savent que, pour agir de façon rigoureuse et méthodique, ils doivent connaître l’activité de leurs clients. Impossible, dès lors, d'intervenir dans tous les secteurs. Les consultants d’Advancy se focalisent alors sur certaines industries : chimie, construction, science, luxe, retail, tourisme, loisirs. Très vite, les premiers clients sont au rendez-vous. Fidèle à lui-même, Éric de Bettignies ne change pas sa méthode. Dès qu’il est sollicité, il se déplace, analyse, regarde, creuse, échange avec ses équipes. Avec précision. Aucun détail n’est laissé au hasard. Une approche technique qui permet à Advancy de tirer son épingle du jeu dans l’univers ultra-compétitif du conseil : « Éric de Bettignies et son équipe connaissent l’activité de leurs clients. C’est grâce à cela qu’ils peuvent analyser les sujets en profondeur et apporter des solutions réellement adaptées, témoigne le dirigeant d’une grande entreprise accompagnée par le cabinet de conseil. C’est assez rare dans cet univers du conseil. »
Honnêteté
Autre singularité d’Advancy : la vision humaine. Pas question de pointer du doigt les erreurs ni de jouer les « père-la-morale », mais une franchise nécessaire : « Nous sommes là pour aider nos clients à avancer, avec bienveillance. Ce qui ne nous empêche pas, pour leur bien, d’être obligés de prendre des décisions délicates. » « Il n’a pas peur de dire la vérité, même lorsque celle-ci est difficile à entendre, corrobore Sébastien David. Ce qui peut, de temps en temps, fâcher les clients. » Peu importe, Éric de Bettignies ne cherche pas à plaire, mais à trouver des stratégies réellement efficaces. Avec honnêteté. « Il est très direct et très entier, note le dirigeant d’un groupe de luxe. Il sait par ailleurs très bien s’entourer. L’équipe est très stable. Les conseils sont toujours structurés. » Le résultat est là. Chaque mission – de quatre à huit semaines en moyenne – est suivie d’une nouvelle. Une jolie réussite pour Advancy qui affiche chaque année une croissance significative et accompagne progressivement des groupes de renom comme Lapeyre, Le Printemps, Nestlé, Saint-Gobain, Arkema, Evonik… Plébiscité en France, mais aussi à l’étranger, Advancy ouvre des bureaux dans plusieurs pays du monde. Ce succès, Éric de Bettignies sait qu’il le doit à ses équipes. « Je suis entouré de personnes formidables », admet avec émotion le chef d’entreprise.
Éric est très attentif aux autres, quel que soit leur niveau, leur statut social (...) Il valorise vraiment toute personne au sein de l’entreprise. Pour lui, chacun peut évoluer, avancer. Tout est une question de travail et de volonté
Réveiller le trublion
Dès lors, Éric de Bettignies s’emploie chaque jour à former les nouvelles générations. « Cela fait partie intégrante de notre métier, explique Sébastien David. C’est quelque chose qu’Éric fait de façon naturelle. Il est très empathique et protecteur envers ses équipes. Il sait guider et aider les autres à réfléchir pour aboutir à une solution. » Éric de Bettignies aime échanger, discuter, brainstormer. Tout comme il aime les personnalités singulières et atypiques. Les personnalités qui n’ont pas peur de casser les codes ni de penser « en dehors de la boîte ». Et ce n’est pas Isabelle Paul, son assistante, qui le côtoie tous les jours depuis douze ans, qui dira le contraire : « Je suis arrivée chez Advancy pour une mission temporaire d'hôtesse d’accueil. Je ne connaissais rien à l’univers des affaires ou au monde du conseil. Éric a su voir ma motivation et mon envie de faire partie de l’aventure. Il est très attentif aux autres, quel que soit leur niveau, leur statut social. Il ne fait aucune distinction. Il valorise vraiment toute personne au sein de l’entreprise. Pour lui, chacun peut évoluer, avancer. Tout est une question de travail et de volonté. » Doté d’une vraie mentalité de battant, Éric de Bettignies sait galvaniser ses collaborateurs. Leur donner envie de se dépasser, même s’il concède que cette quête de performance peut parfois se révéler fatigante pour son entourage. Ceux qui adhèrent à la méthode constituent aujourd’hui le cœur d’Advancy « Il nous encourage régulièrement à réveiller le trublion qui est en nous. Il est très inspirant et il a une vraie vision », confirme Agnès Roquefort, reconnaissant elle aussi l'énergie et l'enthousiasme de l’intéressé.
Il nous encourage régulièrement à réveiller le trublion qui est en nous. Il est très inspirant et il a une vraie vision
Plus de force, plus d’énergie, plus de vie
Difficile effectivement de passer à côté du tempérament solaire du chef d’entreprise qui, même s’il gère le cabinet au quotidien, continue de prendre en main des missions de conseil. « Cela occupe les deux tiers de mon temps. Et heureusement, parce que j’adore ça. Je suis passionné par mon métier », assure-t-il avec entrain. L’origine de cette force hors du commun ? Sa nature, bien sûr. Mais aussi ce drame de l’année 2008. Féru d’aviation, il est aux commandes de son propre avion de plaisance lorsque celui-ci prend feu. Un accident dont il sort gravement brûlé. Sa reconstruction, à la fois physique et mentale, prendra du temps. Ses associés tiennent donc les rênes de l’entreprise. Un événement qui en ferait vaciller plus d’un. Éric de Bettignies, lui, garde le cap. Il le sait : sa place est aux côtés des entreprises.
Éric est très empathique et protecteur envers ses équipes. Il sait guider et aider les autres à réfléchir pour aboutir à une solution
Une fois sur pied, il reprend le cours de sa vie. Avec encore plus de force, encore plus d’énergie, encore plus de vie. Dans la sphère professionnelle. Mais aussi dans la sphère privée. Il faut dire que l’homme ne manque pas de hobbies. S’il a laissé la navigation aérienne de côté, il assouvit aujourd’hui son goût pour les voitures anciennes. « C’est un truc d'ingénieur, j’adore ce mélange entre le côté mécanique et l’aspect artistique », explique-t-il, avec un bonheur enfantin, sourire aux lèvres et étincelles dans le regard. Et ce n’est pas le seul loisir de cet hyperactif qui tient aujourd'hui à rendre ce que la société lui a donné. « Je n’oublierai jamais que je suis arrivé à Paris en stop, conclut-il, Et que, même si j’ai toujours travaillé, j’ai aussi eu la chance de beaucoup recevoir. » Il accompagne, conseille et finance, en tant que business angel, plusieurs projets de l’économie sociale et solidaire. Avec son épouse Florence et sa tribu familiale qui compte tant pour lui, il s’engage aussi sur le plan associatif dans des projets de création de logements sociaux, notamment. Pas de belles paroles mais des actions de terrain. Encore une fois.