Jean-Pascal Pham-Ba : L'idéaliste de terrain

Il est avocat d’affaires, entrepreneur, financier, conseiller stratégique… Mais ce qui définit avant tout Jean-Pascal Pham-Ba c’est son engagement sans compromission pour réformer notre système énergétique. Une question de santé publique cruciale, selon ce passionné qui a déjà relevé de nombreux challenges – sur le plan national comme international – et qui brigue aujourd’hui la présidence du Syndicat des énergies renouvelables. Portrait d’un humaniste.
Pour Jean-Pascal Pham-Ba, la transition énergétique n’est pas une expression à la mode. Encore moins un argument électoral. C’est le sujet qui, depuis plus de vingt ans, occupe ses journées. Et parfois ses nuits. Il faut dire que cet avocat devenu entrepreneur se qualifie lui-même d’idéaliste de terrain. Un optimiste convaincu et ultra-engagé qui, loin de passer son temps le nez rivé dans les livres, agit pour trouver des solutions. Principalement en matière d’énergie. C’est ce qu’il fait dans les années quatre-vingt-dix lorsqu’il conseille, en tant qu’avocat d’affaires, des géants du secteur. C’est ce qu’il fait aussi, dans les années deux mille lorsqu’il participe à la création de Solairedirect, société pionnière en matière d’énergie solaire. C’est ce qu’il fait encore entre 2015 et 2020 lorsqu’il pilote Terrawatt Initiative, une ONG qui défend la cause du solaire sur le plan mondial. Si bien qu’il devient progressivement l’un des personnages les plus éclairés de la planète sur ce sujet. « Il connaît très profondément l’industrie énergétique. C’est un vrai leader d’opinion, témoigne Wilfrid Lauriano Do Rego, président du conseil de surveillance de KPMG France. Il est aussi convaincu que convaincant. C’est quelqu’un qu’on a envie d’écouter. »

« Nous devons expliquer que nous sommes en capacité technique de transformer notre production d’énergie et que cela ne sera pas moins confortable pour le consommateur final. Bien au contraire ! »

Jean-Pascal Pham-Ba
« Ce qui le qualifie, c’est la compétence, la soif d’échanger et l’ouverture d’esprit », estime Cécile Martin Phipps, directrice de l’Institut de la francophonie pour le développement durable. Hyperactif, avec son tempérament indépendant, l'homme ne manque aujourd’hui ni de projets ni d’occupations. Il est d’ailleurs candidat à la présidence du syndicat des énergies renouvelables (SER). Avec une ambition : mettre en place des solutions concrètes et rapides pour réformer notre système énergétique, tout en conciliant les intérêts des pouvoirs publics, des acteurs privés et de la population. « Nous devons expliquer que nous sommes en capacité technique de transformer notre production d’énergie et que cela ne sera pas moins confortable pour le consommateur final. Bien au contraire ! », assure avec fermeté cet homme d’action qui ne cherche pas un titre pour satisfaire son ego. Seules comptent les avancées juridiques, économiques et politiques en faveur d’un environnement plus sain pour les générations à venir. « C’est quelqu’un de bien qui, dans tout ce qu’il entreprend, reste aligné avec ses convictions, confirme Philippe Zaouati, directeur général de la société Mirova. Il se demande systématiquement si ce qu’il fait va servir la cause qu’il porte. »

Une connaissance pointue et de terrain

Ses convictions, il les puise dans son enfance. À la campagne, dans un petit village du Loir-et-Cher. Son père, médecin d’origine vietnamienne, lui inculque l’éthique, le respect de l’autre et de l’environnement. L’importance de « prendre soin du vivant ». C’est avec cette base qu’il entreprend des études juridiques à Aix-en-Provence, avant de rejoindre la capitale comme avocat d’affaires. « Ce fut plus un choix dicté par la logique qu’une vocation », reconnaît, avec la sincérité qui le caractérise, celui qui est recruté par l’un des cabinets les plus prestigieux du pays : Gide.
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« C’est quelqu’un de bien qui, dans tout ce qu’il entreprend, reste aligné avec ses convictions »

Philippe Zaouati, directeur général de la société Mirova
Très vite, l’homme gère des dossiers d’envergure : restructurations de groupes réglementés, fusions-acquisitions, contentieux… Principalement dans un secteur : celui des énergies. En l’espace de douze ans, l’avocat s’informe, observe, creuse, échange… « J’avais réellement les mains dans le cambouis. J’ai beaucoup appris. J’ai pris de plus en plus conscience que l’énergie était au centre de notre vie. Que le nucléaire était limité et qu’il était crucial de trouver des alternatives. » Parce qu’il aime résoudre des problèmes, Jean-Pascal Pham-Ba l’optimiste imagine des solutions. Comme la plupart des experts en la matière, il le sait : le solaire est la piste la plus sérieuse et la plus logique. Alors, lorsqu’un de ses anciens clients – Thierry Lepercq –  lui confie vouloir créer une entreprise capable de produire de l’énergie solaire compétitive en grande quantité, l’avocat quitte la profession. Avec six associés, il fonde Solairedirect en 2006. Son rôle au sein de l’entreprise pionnière en matière d’énergie solaire ? La dimension juridique bien sûr, mais aussi les questions financières, fiscales et d’assurance.

Pionnier du solaire

Oui, mais voilà, à cette époque, rien n’est prévu. Aucun cadre juridique, aucune dimension réglementaire, aucun modèle de financement, aucune règle contractuelle… Seul existe l’arrêté de 2006 fixant les conditions d’achat de l’électricité « produite par des installations utilisant l’énergie radiative du soleil ». « Les prix étaient délirants ! Nous étions convaincus que l’énergie solaire, pour perdurer, devait être accessible à tous. Le gouvernement devait donc prévoir une baisse progressive de ces tarifs », explique Jean-Pascal Pham-Ba qui sera l’un des premiers Français à imaginer un socle juridique et économique pour la production d’énergie solaire. Déterminé à faire entendre le point de vue de l'entreprise, il multiplie les interventions auprès des décideurs publics : « C’était à la fois exaltant et magnifique. Nous voulions réellement, profondément changer le monde en mieux. »

« Il connaît très profondément l’industrie énergétique. C’est un vrai leader d’opinion. C’est quelqu’un qu’on a envie d’écouter »

Wilfrid Lauriano Do Rego, président du conseil de surveillance, KPMG France
Et ça fonctionne, le marché évolue. Solairedirect se consolide et parvient à produire une grande quantité d’énergie. Si bien que Jean-Pascal Pham-Ba et ses associés lèvent successivement six puis vingt millions d’euros. L’entreprise compte alors 250 salariés et plusieurs filiales en Inde, en Afrique du Sud et au Chili. Jusqu’à être acquise par Engie, en 2015. « S’adosser à un groupe de cette dimension était la meilleure des choses à faire pour une activité  qui suppose un besoin en fonds de roulement très élevé », explique-t-il avec pragmatisme.

« La guerre en Ukraine nous démontre que nous devons arrêter de nous fournir en gaz russe. On en a la capacité à la fois financière et technique. Mais l’hystérisation du débat et les blocages politiques nous empêchent d’avancer »

Jean-Pascal Pham-Ba

L'envergure Terrawatt Initiative

Au même moment, Jean-Pascal Pham-Ba s’engage dans le cadre de la COP21. Il profite de l’événement pour faire la promotion du solaire sur le plan mondial. Déterminé à éveiller les consciences, il crée avec Isabelle Kocher et Thierry Lepercq – deux figures incontournables du groupe Engie – Terrawatt Initiative, une organisation à but non lucratif dont il prend la tête dès 2016. Un tournant important dans sa carrière. L’homme se forge un réseau international et devient une véritable référence en la matière. Son ambition ? Transformer la façon de développer et de financer le système énergétique mondial. Jean-Pascal Pham-Ba part en mission et convainc plusieurs acteurs privés de premier plan, comme Total, KPMG, la Société Générale, Blackrock et bien d’autres, de participer à l’initiative. « C’était important pour nous de contribuer à ce sujet, explique Wilfrid Lauriano Do Rego. L’enjeu était de rendre l’énergie solaire à la portée de tous et principalement des pays en développement. Nous devions, pour cela, bâtir un vaste mécanisme financier. » Porter les couleurs du solaire aux quatre coins du globe, recueillir le soutien des décideurs les plus influents du monde, fixer un cadre réglementaire, imaginer des contrats standardisés… Avec Terrawatt, Jean-Pascal Pham-Ba et son équipe sont sur tous les fronts.

Evolution positive de la société

En 2020 et pour diverses raisons, le projet Terrawatt disparaît. Pas question de se démobiliser. Jean-Pascal Pham-Ba intervient comme conseil stratégique auprès de différents acteurs désireux de contribuer à cette transition énergétique. Parce qu’il est convaincu que le dialogue et la pédagogie sont indispensables pour envisager une évolution positive de la société, il participe à la création d’un média « éthique », « engagé » et « indépendant » : Mentors. « La guerre en Ukraine nous démontre que nous devons arrêter de nous fournir en gaz russe. On en a la capacité à la fois financière et technique. Mais l’hystérisation du débat et les blocages politiques nous empêchent d’avancer. Je ne peux pas rester inactif face à cela. » Déterminé, l’homme veut faire bouger les lignes. C’est dans cette optique qu’il crée, avec d'autres confrères et plusieurs partenaires, Paradigm, un cabinet d'avocats dédié à l’innovation durable et à la transition énergétique. La structure - qui aura des bureaux à Londres, Paris, Bruxelles et Rome, dès septembre 2022 - est d’ores et déjà active sur plusieurs dossiers liés aux infrastructures, à la finance durable et aux normes comptables durables. Elle intervient également dans le cadre des nouveaux contentieux climatiques et accompagne des initiatives en Afrique et aux Moyen-Orient. Elle sera par ailleurs au soutien de toute évolution législative visant à accélérer l’émergence du renouvelable en Europe. Et ce n’est pas tout. Pour agir, Jean-Pascal Pham-Ba envisage également de prendre la tête du SER (syndicat des énergies renouvelables). Une candidature légitime ? « Pour moi, il coche toutes les cases pour la fonction, assure Wilfrid Lauriano Do Rego. Au-delà de ses compétences, de sa connaissance du terrain, il a une vraie capacité d’écoute, ce qui est essentiel à un tel poste. »

Concilier les intérêts

« Son profil est unique, témoigne Cécile Martin Phipps. C’est un avocat qui, pour comprendre comment réaliser une vraie transition énergétique, a su cerner le sujet dans son ensemble. Il sait parler à tout le monde de ce sujet. C’est un vrai vulgarisateur. » Créer des connexions entre plusieurs univers : l’industrie énergétique, la finance, la politique, le grand public. Des univers qui se croisent rarement. Sauf lorsqu’on s’appelle Jean-Pascal Pham-Ba. « Il est très technique et en même temps, il a une vision globale du changement de paradigme à mettre en œuvre dans notre société, témoigne de son côté Leïla Hubeaut, également avocate. Son approche est véritablement humaniste. » Sortir de l’image punitive de la transition écologique, dénoncer les dangers – à tous les niveaux – du système énergétique actuel, expliquer que le système énergétique de demain sera plus performant…Tel est le vaste challenge qu’entend relever cet utopiste qui, en toutes circonstances, garde les pieds sur terre. « Je veux réussir à concilier les intérêts et mettre en place des actions concrètes et véritablement utiles », conclut Jean-Pascal Pham-Ba, qui n’a, au fond, qu’une obsession : laisser un monde meilleur à ses trois enfants. Tout simplement.

« C’est un avocat qui, pour comprendre comment réaliser une vraie transition énergétique, a su cerner le sujet dans son ensemble. Il sait parler à tout le monde de ce sujet »

Cécile Martin Phipps, directrice,Institut de la francophonie pour le développement durable
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« Il est très technique et en même temps, il a une vision globale du changement de paradigme à mettre en œuvre dans notre société »

Leïla Hubeaut, avocate
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