Marine Cahn : La vitamine C
Après avoir exercé plus de dix années en tant qu'avocate au sein de prestigieux cabinets, Marine Cahn crée sa société de conseil White Peacock , en 2019. Objectif ? Apporter à ses confrères un regard business, financier, stratégique sur leur activité. Sans oublier une certaine dose de considérations humaines. Une jolie réussite pour celle qui conseille désormais des cabinets de premier plan. Avec une énergie décapante et une franchise sans compromission. Portrait d’une femme d’affaires qui décoiffe.
Octobre 2023
Vivante, pétillante, solaire… Marine Cahn fait partie de ces personnalités qui marquent les esprits. Une seule discussion avec l’ex-avocate, qui conseille aujourd’hui ses confrères, fait l’effet d’une cure de vitamine C. Un caractère lumineux et un esprit libre derrière lesquels se cache une femme d’affaires. Une professionnelle qui cherche sans cesse à perfectionner son savoir-faire. C’était le cas, lorsqu’elle exerçait au sein du département immobilier des cabinets De Pardieu Brocas Maffei et Fairway. C’est toujours le cas aujourd’hui, quand elle intervient pour le compte d’avocats et de cabinets d’avocats. Et si Marine Cahn place les relations humaines au cœur de son activité, elle n’a pas l’intention de jouer un rôle de psychologue. Avec sa capacité à analyser les chiffres, sa connaissance du marché et de la vie des cabinets d’avocats, la quadragénaire apporte à ceux qui la sollicitent des solutions business concrètes. Ponctuellement ou sur le long terme.
« Sans elle, mon cabinet n’aurait pas vu le jour, témoigne Nicolas Jean, fondateur de Stork Avocats, qui reconnaît à l’intéressée une véritable intelligence stratégique et une grande finesse sur le plan des relations humaines. Elle peut proposer ce niveau d’accompagnement parce qu’elle connaît notre métier de l’intérieur. C’est une très bonne avocate qui a d’ailleurs été reconnue jeune dans son secteur. On parle le même langage.» Analyse identique du côté de Anne-Sophie Merle, cofondatrice de Jane Avocats qui a fait appel à Marine Cahn pour un sujet de stratégie et d’orientation : « Elle est technique et ordonnée tout en étant sympathique, drôle et véritablement à l’écoute. Elle prend le temps de nous poser les bonnes questions afin de comprendre notre historique et nos difficultés. La moindre séance avec elle est bénéfique à l'activité de notre cabinet.» Rien d’étonnant. Marine Cahn est une passionnée qui s’investit sans retenue au sein d’une profession qu’elle connaît sur le bout des doigts. « J’aime profondément le métier d’avocat, il est inscrit en moi, même si je n’exerce plus aujourd’hui. Je l’ai réellement éprouvé dans ma chair », assure cette femme entière qui s’est omise du barreau en 2018 et qui est désormais plébiscitée par des cabinets de premier plan, des associés, des managing partners, des équipes… Pour chacun d’entre eux, Marine Cahn applique la même énergie, le même sérieux, la même précision. « Je me sens aujourd’hui à la bonne place, au bon moment », confie, avec une énergie sereine, celle que rien ne prédestinait pourtant à une telle carrière dans la sphère juridique.
« Elle peut proposer ce niveau d’accompagnement parce qu’elle connaît notre métier de l’intérieur. C’est une très bonne avocate qui a d’ailleurs été reconnue jeune dans son secteur. On parle le même langage »
Nicolas Jean, fondateur, Stork Avocats
Logique mathématique
Si elle se lance dans des études de droit, c’est un peu par hasard. « Je ne savais pas réellement ce que je voulais, raconte l’avocate qui n’avait à l’époque pas tout à fait le profil de la jeune fille modèle. J’étais plutôt agitée. J’avais envie de faire plein de choses. Je ne voulais surtout pas rentrer dans un moule prédéfini.» Cartésienne et curieuse, l’étudiante se découvre progressivement une appétence pour le droit, sa logique mathématique, son côté concret. C’est décidé, elle sera avocate. Et parce qu’elle ne fait rien à moitié, en parallèle de sa formation à l’EFB, Marine Cahn s’inscrit en école de commerce. Elle y appréhende d'autres disciplines comme la comptabilité et l’analyse financière. « Je réalise non seulement que j’aime réellement ces matières, mais aussi que je les comprends vite. Bref, que c’est fait pour moi », note avec sincérité l’intéressée qui envisage alors une carrière en corporate.
Dans le grand bain
« Un de mes amis me dit que le cabinet De Pardieu Brocas Maffei recherche des stagiaires. Je candidate et on me propose d’intégrer le département financements immobiliers », se souvient celle qui ne connaît pas le secteur. Entourée d’avocats réputés en la matière, la jeune stagiaire est immédiatement plongée dans le grand bain. Les clients ? Des banques ou des emprunteurs. Principalement dans le cadre de dossiers d’envergure. Passionnée, celle qui devient naturellement collaboratrice ne compte pas ses heures. Talentueuse et besogneuse, elle apprend les aspects techniques du métier tout comme cet esprit de conquête indispensable pour mener à bien des dossiers d’une grande complexité. « J’adore ce que je fais. Je mets les mains dans une mécanique hyper technique, je côtoie des personnes que j’admire… Je dors peu, mais je suis à fond », explique celle qui exercera le métier de plusieurs façons. Au sein d’une maison française de premier plan et dans le cadre d’un cabinet de niche au style et au cadre plus entrepreneurial. À Paris, mais aussi à distance, depuis Bordeaux, où elle vit depuis 2016.
« Elle est technique et ordonnée tout en étant sympathique, drôle et à l’écoute. Elle prend le temps de nous poser les bonnes questions afin de comprendre nos difficultés. La moindre séance avec elle est bénéfique à l'activité de notre cabinet »
Anne-Sophie Merle, cofondatrice, Jane Avocats
Quitter la robe
« Il est vital de faire une pause », souligne avec sincérité celle qui, après plus de 10 ans d'exercice, se demande quelle est sa place au sein de la profession, quelle tournure elle souhaite donner à sa carrière. Comme un besoin de prendre de la hauteur. Impossible pour cette avocate qui s’est forgée dans les rangs d’une maison ultra-exigeante, de rejoindre un cabinet moins calibré. Impossible aussi d’imaginer une autre façon d’exercer. Marine Cahn décide alors de quitter la robe après onze années de barre : « Pendant cette période, j’échange avec des confrères et je réalise que nous sommes nombreux à manquer de recul et de conseil pour gérer correctement notre activité. Qu’il est difficile de trouver ce bon équilibre entre la rentabilité financière d’un côté, le confort mental et moral qui permet de tenir sur la durée de l’autre.»
Et si elle avait tout pour éclairer les avocats en proie au doute ? Début 2019, elle se pose et réfléchit à la meilleure façon possible d’accompagner ses confrères. À mettre à leur service non seulement ses compétences techniques mais aussi sa capacité à appréhender les sujets humains, à tisser du lien. À être véritablement utile : « Je veux résoudre ces problématiques qui les empêchent d’avancer, d’être rentables ou tout simplement d’être à l’aise dans la profession. J’agis, je pose des recommandations claires et précises.»
White Peacock intervient aux côtés des avocats
- Qui souhaitent devenir associés,
- Qui aspirent à créer leur cabinet,
- Qui cherchent à développer leur activité,
- Qui veulent repenser la gestion de leur cabinet.
La méthode Marine Cahn
En 2020, Marine Cahn fonde White Peacock, un cabinet de conseil consacré à la profession. Parce qu’elle dispose d’une jolie réputation et d’un solide réseau, l’ex-avocate est très vite sollicitée par un premier cabinet pour structurer une activité et développer le business : « Ça me passionne ! Je bouillonne d’idées.» Comment devenir associé ? Comment « se vendre » ? Comment booster son chiffre d'affaires ? Comment se positionner sur un marché concurrentiel ? Quelle stratégie financière mettre en œuvre ? Comment valoriser son cabinet en vue d’une fusion ou d’une cession ? À ces questions, Marine Cahn apporte des solutions concrètes. Pour ce faire, elle prend en compte des considérations financières, stratégiques, mais aussi humaines et relationnelles... « Elle a une autorité naturelle qui lui permet d'interagir avec des gens qui ont eux-mêmes une forte personnalité et de faire entendre ses recommandations », note Nicolas Jean. Pour chaque dossier, Marine Cahn déploie sa méthode : analyse précise de la situation, diagnostic relatif aux problématiques opérationnelles, réalisation d’un audit clair, mise en œuvre d’un plan d’action stratégique. Elle en est convaincue, un avocat est performant dès lors qu’il intervient dans la structure qui lui convient, sur un type de dossier qui lui convient et dans un cadre qui lui convient. « Sauf que c’est compliqué d’avoir une telle lucidité lorsqu’on a une très grande charge de travail », souligne celle qui, avec son regard stratégique global sur le marché, a trouvé un positionnement unique.
« Elle a une autorité naturelle qui lui permet d'interagir avec des gens qui ont eux-mêmes une forte personnalité et de faire entendre ses recommandations »
Nicolas Jean, fondateur, Stork Avocats
Un label
Un positionnement qui plaît. La preuve : White Peacock aura accompagné une cinquantaine d’acteurs en l’espace de trois ans. Le tout sans chercher à gagner en visibilité ni à travailler particulièrement sa communication. Marine Cahn ne tient pas à « faire de la masse”, mais à intervenir sur des sujets véritablement stratégiques. « Là où l’on a vraiment besoin de moi », souligne celle qui décide, courant 2023, de relever un nouveau challenge, en passant la certification “finance d’entreprise” à HEC (ICCF@HEC, international certificate in corporate finance) afin d’apporter à ses clients une technicité encore plus pointue en matière de structuration et de valorisation. Son objectif, à terme ? Faire de White Peacock une société capable de certifier la gestion saine et stable d’un cabinet. « Un peu comme un label », poursuit cette entrepreneuse hyperactive, confiant, énergique mais sereine, avoir désormais trouvé sa place au sein de la profession. De quoi lui donner envie de relever de nouveaux challenges. De continuer à résoudre les problématiques concrètes que rencontrent les cabinets. « Je vis à mille à l’heure, je ne sais pas m’arrêter. Et de préciser sans l’ombre d’un doute, sourire aux lèvres : et puis je n’ai pas envie de m’arrêter.» « Elle a un tempérament fort. C’est un vrai personnage », conclut Nicolas Jean, avec amitié. Un personnage unique au sein de la profession qui n’a, à l’évidence, pas fini de faire parler de lui.
