Hubert Flichy : Le bâtisseur
« Un cabinet ne tient le coup qu'à partir du moment où l'on peut offrir aux avocats la possibilité d'assouvir leurs ambitions »
« Il a le défaut de ses qualités »
Du haut de ses deux mètres, l’homme est bienveillant. En témoignent les sourires qui illuminent le visage de ceux qui croisent son regard dans les couloirs du cabinet. On en oublierait presque qu’à 69 ans, ce versaillais de souche compte parmi les plus grands techniciens du droit social. De façon naturelle, celui-ci met un point d’honneur à encourager et conseiller ses collaborateurs. « C’est un très bon formateur, car il sait faire confiance, témoigne Baudouin de Moucheron, qui codirige aujourd’hui le cabinet Gide. Alors que j’étais jeune avocat, il m’a laissé plaider mon premier dossier en référé à la fin des années 1980 ». Une qualité qu’Hubert Flichy ne met jamais en avant. « Il dit souvent qu’il n’a rien à apprendre aux autres », raconte son fils Stéphane Flichy, également avocat. « Il ne s’immisce pas dans mon activité, il la suit avec bienveillance », reconnaît-il, conscient de la modestie de son père. Et lorsque le fils décide de monter sa propre structure, Hubert Flichy n’y trouve rien à redire.
Quant à la place des femmes dans la profession, pour lui, pas de débat : seule la compétence compte. Difficile donc d’entrevoir la part d’ombre d’Hubert Flichy. « Il a le défaut de ses qualités », explique David Gordon-Krief lorsqu’on lui demande quelles sont les faiblesses de son ex-binôme. « Hubert souffre peut-être parfois d’angélisme», complète-t-il après un temps de réflexion. « En règle générale, il ne voit pas le mal autour de lui », confirme Baudouin de Moucheron, soulignant par ailleurs la fidélité d’Hubert Flichy. « Gidien » dans l’âme, il continue de témoigner de l’excellence du cabinet français qu’il a quitté il y a près de vingt-ans.
« Hubert est un visionnaire. Il a été l’un des tout premiers à avoir le courage de quitter une structure comme Gide »
« Enfant privilégié du barreau »
« J'ai eu beaucoup de chance de rentrer chez Gide », souligne ainsi celui qui intégra le cabinet français juste après avoir obtenu le Capa. De ses débuts dans les années 1970, Hubert Flichy garde un souvenir heureux. « Nous étions les enfants privilégiés du barreau », avoue-t-il, oubliant presque les journées à rallonge et les week-ends passés au cabinet, loin sa femme (également avocat) et de ses trois enfants. Après deux années d’exercice en droit des affaires, le cabinet lui propose les dossiers de droit social. Il accepte sans hésiter. « Quand on est jeune, on prend ce qui se présente. J'aurais pu me passionner pour le droit maritime si on me l’avait demandé », lance-t-il non sans une pointe d’ironie. Au fur et à mesure des années, l’homme côtoie les plus grands experts du droit social, comme Philippe Lafarge ou Jacques Barthélémy, se forge un nom, devient associé et fonde le département social de l’un des plus grands cabinets français. C’est à la fin des années 1990 que ce fils d’entrepreneur sent le vent favorable et décide de monter sa propre structure, emportant avec lui une partie de son équipe. « J’avais la peur au ventre », se souvient-il. Car le pari est osé. « À l’époque, il n’existait presque aucun cabinet de niche », note Baudoin de Moucheron. « Hubert est un visionnaire. Il a été l’un des tout premiers à avoir le courage de quitter une structure comme Gide », reconnaît avec la même admiration David Gordon-Krief.
Flichy Grangé Avocats
« Nous avons improvisé », tempère Hubert Flichy. Sur les huit avocats qui le suivent dans l’aventure, trois s’associeront au projet : Pascale Lagesse, Philippe Montanier et Isabelle Ayache. Pour leur faire plaisir, le cabinet prendra le nom de chacun d’entre eux, pour devenir Flichy Avocats un an plus tard. « C’était plus simple comme ça », explique le patron. De ses anciens associés, il garde un souvenir attendri. Il suffit de l’entendre parler de Pascale Lagesse et Isabelle Ayache pour s’en rendre compte. C’est le même sentiment de bienveillance qui l’anime lorsqu’il évoque Joël Grangé. L’histoire qui unit les deux hommes n’est pas anodine. Hubert Flichy recruta lui-même Joël Grangé chez Gide dans les années 1980.
« En 2015, notre terrain de jeux est énorme, les dossiers stratégiques et les enjeux très importants. » Oui mais voilà, l’avocate envisage l’avenir. Pas question de s’associer, elle aime trop sa liberté. Pas question non plus de rejoindre un cabinet concurrent, elle est trop fidèle et trop reconnaissante envers cette maison qui l’a vue grandir. Anne-Laure Giraudeau veut changer de cap, relever de nouveaux défis, voler de ses propres ailes et rentrer en France.