Olivier Picard : Le négociateur
Intelligent, curieux, charismatique. Tenace, déterminé et instinctif. Olivier Picard, c’est un savant mélange. Avec son tempérament indépendant, cet homme d’affaires tire son épingle du jeu en Afrique et en Asie du Sud-Est. Son savoir-faire ? La conception et la réalisation d’infrastructures publiques et privées. « Avec ce métier, il faut savoir être diplomate d’un côté et avoir de la poigne de l’autre pour remplir ses engagements », assure l’ancien dirigeant d'Alcatel qui pilote aujourd’hui une entreprise de 120 salariés répartis dans une dizaine de pays. Passionné par les voyages et féru d’aventures, cet énarque affiche un goût prononcé pour l’art et la culture. La sienne, mais aussi celle des autres. C’est d’ailleurs son envie et sa capacité à comprendre ses interlocuteurs, à cerner leur environnement et leur mode de fonctionnement qui font du fondateur d’Ellipse Projects un négociateur hors pair. Que ce soit avec des banquiers, de grands patrons, des chefs d’État ou des entrepreneurs locaux. « Il est très différent de la plupart des Français qui travaillent en Afrique, témoigne Madiambal Diagne, président de l'Union internationale de la presse francophone. Il ne cherche ni à imposer son style ni à donner des leçons. Il est gentleman, courtois et attentif aux conventions sociales locales. »
« Il est peu d’hommes qui, comme Olivier Picard, sont capables de s’aventurer dans des projets complexes et dans des marchés difficiles. C'est une personnalité exceptionnelle »
Alcatel
Recommencer à zéro
Fort de son expérience à la tête d’Alcatel, Olivier Picard rejoint Capgemini en tant que directeur commercial en 2008. Un épisode qui ne durera que deux ans : « J’étais trop éloigné du terrain. J’aime avoir les mains dans les affaires, confie l’intéressé qui décide alors de tout recommencer à zéro en 2011. Je voulais savoir si, après une carrière dans de grandes sociétés, j’étais capable d’entreprendre. » Pas question de se réinventer totalement. Le businessman fait ce qu’il sait faire de mieux : mener de vastes projets à l’international. Conscient qu’il ne pourra pas rivaliser avec des groupes dont la renommée n’est plus à démontrer, il se focalise sur les pays en voie de développement. Et ça marche. Trois ans après le lancement de sa société, il gagne un appel d'offres au Kenya pour la mise en place d’un réseau de télécommunications sécurisé face à des grandes entreprises. La force d’Ellipse Projects ? Sa connaissance des enjeux régionaux et sa capacité à mobiliser des sous-traitants locaux. Un projet qui marquera le point de départ de cette aventure entrepreneuriale.
Du financement à la livraison de l'infrastructure
Après le Kenya et l’Indonésie, la société est sollicitée par l’État sénégalais pour mettre sur pied quatre hôpitaux. D’autres projets d’envergure suivront dans la foulée en Afrique mais aussi en Asie du Sud-Est. Réseaux de télécoms, tribunaux, infrastructures de gestion de l’eau, data centers… Ellipse Projects multiplie les chantiers. « Nous ne nous limitons pas à la construction des murs, développe Olivier Picard. Notre mission va de la stratégie de financement jusqu’à la livraison de l’infrastructure avec l’intégralité du matériel nécessaire à son bon fonctionnement. » Chaque projet dure trois à quatre ans et requiert le soutien d’un grand nombre de prestataires locaux.
« Il a un flair extraordinaire. Il est très créatif, ce qui lui permet de trouver des solutions et de surmonter n’importe quel obstacle »
Une organisation titanesque qui suppose l’ouverture d’une filiale dans chaque pays où la société intervient. Une approche vertueuse qui suscite la confiance des gouvernements. « Les États se sont rendu compte que nous faisions les choses correctement et, surtout, que nous tenions les délais », précise Olivier Picard qui prend également en charge la partie financière en négociant avec les banques, principalement européennes. « Nous leur expliquons en détail les projets, mais aussi les enjeux nationaux, poursuit-il. C’est notre valeur ajoutée face aux grands groupes. Notre connaissance du terrain nous permet de convaincre et de rassurer les investisseurs étrangers. »
Une flair extraordinaire
« Il est très différent de la plupart des Français qui travaillent en Afrique. Il ne cherche ni à imposer son style ni à donner des leçons. Il est gentleman, courtois et attentif aux conventions sociales locales »