Olivier Picard : Le négociateur

Avec Ellipse Projects, Olivier Picard pilote des projets d’envergure – financement, conception et construction d’hôpitaux, de tribunaux, de data centers, de réseaux de télécommunications… – en Afrique et en Asie du Sud-Est. Homme de terrain passionné de voyages, il vit plus de cent jours par an à l’étranger. Portrait d’un énarque pas tout à fait comme les autres.

Intelligent, curieux, charismatique. Tenace, déterminé et instinctif. Olivier Picard, c’est un savant mélange. Avec son tempérament indépendant, cet homme d’affaires tire son épingle du jeu en Afrique et en Asie du Sud-Est. Son savoir-faire ? La conception et la réalisation d’infrastructures publiques et privées. « Avec ce métier, il faut savoir être diplomate d’un côté et avoir de la poigne de l’autre pour remplir ses engagements », assure l’ancien dirigeant d'Alcatel qui pilote aujourd’hui une entreprise de 120 salariés répartis dans une dizaine de pays. Passionné par les voyages et féru d’aventures, cet énarque affiche un goût prononcé pour l’art et la culture. La sienne, mais aussi celle des autres. C’est d’ailleurs son envie et sa capacité à comprendre ses interlocuteurs, à cerner leur environnement et leur mode de fonctionnement qui font du fondateur d’Ellipse Projects un négociateur hors pair. Que ce soit avec des banquiers, de grands patrons, des chefs d’État ou des entrepreneurs locaux. « Il est très différent de la plupart des Français qui travaillent en Afrique, témoigne Madiambal Diagne, président de l'Union internationale de la presse francophone. Il ne cherche ni à imposer son style ni à donner des leçons. Il est gentleman, courtois et attentif aux conventions sociales locales. »  

« Il est peu d’hommes qui, comme Olivier Picard, sont capables de s’aventurer dans des projets complexes et dans des marchés difficiles. C'est une personnalité exceptionnelle »

Pierre Barnabé, directeur des activités Big Data & Cybersécurité, Atos

Alcatel

Un profil atypique dans le monde des affaires ? Sans doute. Son parcours est pourtant largement classique. Élève brillant, il suit une formation d’excellence : Sciences Po, puis l’ENA. « Je me suis vite rendu compte que je n'étais pas fait pour le secteur public, explique-t-il, soulignant son intérêt pour l’aventure et les challenges. Je ne supportais pas l’idée d’avoir une carrière toute tracée. » Un an plus tard, après un rapide passage dans la fonction publique, il choisit d’intégrer le privé. Chez Thomson CSF, d’abord. Chargé de déployer de grands projets à l’export pour l’installation de satellites, principalement en Arabie saoudite, il découvre l’art de la négociation au niveau international. Il est ensuite repéré par la société Alcatel, qu’il rejoint en 1997. Pendant neuf ans, il y occupera plusieurs postes à haute responsabilité – directeur du compte SFR, président de la région Sud-Est asiatique – jusqu'à devenir président du groupe pour l’Amérique latine, la France, le sud de l’Europe, le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Inde. Avec toujours une ambition : développer le business dans le secteur des télécommunications.

Recommencer à zéro

Fort de son expérience à la tête d’Alcatel, Olivier Picard rejoint Capgemini en tant que directeur commercial en 2008. Un épisode qui ne durera que deux ans : « J’étais trop éloigné du terrain. J’aime avoir les mains dans les affaires, confie l’intéressé qui décide alors de tout recommencer à zéro en 2011. Je voulais savoir si, après une carrière dans de grandes sociétés, j’étais capable d’entreprendre. » Pas question de se réinventer totalement. Le businessman fait ce qu’il sait faire de mieux : mener de vastes projets à l’international. Conscient qu’il ne pourra pas rivaliser avec des groupes dont la renommée n’est plus à démontrer, il se focalise sur les pays en voie de développement. Et ça marche. Trois ans après le lancement de sa société, il gagne un appel d'offres au Kenya pour la mise en place d’un réseau de télécommunications sécurisé face à des grandes entreprises. La force d’Ellipse Projects ? Sa connaissance des enjeux régionaux et sa capacité à mobiliser des sous-traitants locaux. Un projet qui marquera le point de départ de cette aventure entrepreneuriale. 

Du financement à la livraison de l'infrastructure

Après le Kenya et l’Indonésie, la société est sollicitée par l’État sénégalais pour mettre sur pied quatre hôpitaux. D’autres projets d’envergure suivront dans la foulée en Afrique mais aussi en Asie du Sud-Est. Réseaux de télécoms, tribunaux, infrastructures de gestion de l’eau, data centers… Ellipse Projects multiplie les chantiers. « Nous ne nous limitons pas à la construction des murs, développe Olivier Picard. Notre mission va de la stratégie de financement jusqu’à la livraison de l’infrastructure avec l’intégralité du matériel nécessaire à son bon fonctionnement. » Chaque projet dure trois à quatre ans et requiert le soutien d’un grand nombre de prestataires locaux.

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« Il a un flair extraordinaire. Il est très créatif, ce qui lui permet de trouver des solutions et de surmonter n’importe quel obstacle »

Pierre Barnabé, directeur des activités Big Data & Cybersécurité, Atos

 Une organisation titanesque qui suppose l’ouverture d’une filiale dans chaque pays où la société intervient. Une approche vertueuse qui suscite la confiance des gouvernements. « Les États se sont rendu compte que nous faisions les choses correctement et, surtout, que nous tenions les délais », précise Olivier Picard qui prend également en charge la partie financière en négociant avec les banques, principalement européennes. « Nous leur expliquons en détail les projets, mais aussi les enjeux nationaux, poursuit-il. C’est notre valeur ajoutée face aux grands groupes. Notre connaissance du terrain nous permet de convaincre et de rassurer les investisseurs étrangers. » 

Une flair extraordinaire

Il faut dire qu’Olivier Picard maîtrise parfaitement l’art de la négociation. « Tout au long de ma carrière, j’ai appris à appréhender l’autre, à le comprendre, explique-t-il. C’est tout l’intérêt de mon activité. » Une intelligence de situation qui lui permet d’évaluer le rapport de force « et de faire en sorte que celui-ci lui soit favorable », précise Frank Simonet, vice-président d’Ellipse Projects pour le continent africain. Passionné de voyages, cet instinctif aime aller là où personne ne va. Voir des opportunités là où personne n’en voit. « Il a un flair extraordinaire, assure Pierre Barnabé, directeur des activités Big Data & Cybersécurité d’Atos et qui a collaboré avec Olivier Picard chez Thales puis chez Alcatel. Il est très créatif, ce qui lui permet de trouver des solutions et de surmonter n’importe quel obstacle. » Et ce, avec élégance et courtoisie. Pas question de rouler des mécaniques ni de faire preuve d’autorité sans raison. « Il est à l’écoute. Il sait être patient et pondéré, même lorsque la situation est délicate. Je ne l’ai jamais vu s’emporter. C’est très appréciable », indique Madiambal Diagne soulignant la capacité du fondateur d’Ellipse Projects à tisser des relations de proximité avec ses interlocuteurs.

« Il est très différent de la plupart des Français qui travaillent en Afrique. Il ne cherche ni à imposer son style ni à donner des leçons. Il est gentleman, courtois et attentif aux conventions sociales locales »

Madiambal Diagne, président, Union internationale de la presse francophone

« Les commerçants sont de grands optimistes »

Doté d’un leadership naturel, l’homme sait emporter l’adhésion de ceux qui l’entourent. La preuve : certains de ses collaborateurs le suivent depuis plus de vingt ans. C’est le cas de Frank Simonet : « Il est enthousiasmant et sait réellement faire confiance. » Et s’il est aujourd’hui un businessman affirmé qui affiche son envie de multiplier les projets, Olivier Picard n’a pas l’intention de prendre des risques inconsidérés. Tout comme il ne souhaite pas contribuer à un certain type d’industrie – raffinerie de pétrole, armement… Ce qui ne l’empêche pas de poursuivre son chemin avec assurance et confiance. « Les commerçants sont de grands optimistes », lance-t-il avec esprit, fier de diriger une entreprise en forte croissance qui recrute chaque année des collaborateurs issus de nationalités aussi diverses que variées. Mais qu’on ne s’y trompe pas, cet esprit libre n’a pas l’intention de présider une multinationale, préférant l’agilité des moyennes structures à la rigidité des grands groupes. « Nous avons la chance de faire des choses réellement utiles et de contribuer au développement économique dentrepreneurs locaux », poursuit ce boulimique de travail intarissable lorsqu’il s’agit de décrypter la situation politique et sociale en Afrique, notamment au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Ghana. « Cest une personnalité exceptionnelle, conclut Pierre Barnabé. Il est peu dhommes qui, comme lui, sont capables de saventurer dans des projets complexes et dans des marchés difficiles. » Épatant.
Ellipse Projects soutient, via son fonds de dotation – dirigé par la fille d’Olivier Picard, qui est également directrice marketing de l’entreprise –, les artistes africains et indonésiens. Ces derniers seront mis à l’honneur dans le cadre d’expositions organisées à Paris.
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