Serge Préville : Le casseur de codes
Serge Préville est un administrateur judiciaire moderne. Qu’il intervienne dans un cadre judiciaire ou en prévention, cet associé de l’étude AJAssociés s’emploie à trouver des solutions pour permettre à une entreprise en difficulté d’atteindre un objectif donné. Aussi bienveillant que performant, il incarne le renouveau d’une profession souvent méconnue. Portrait d’une figure de proue.
Octobre 2022
Rester tranquillement entre les quatre murs de son appartement parisien. Très peu pour Serge Préville. Passionné par son métier d’administrateur judiciaire, ce trentenaire aime le contact avec le terrain. Curieux de nature, il sait comprendre les différentes raisons d’une crise. Que celle-ci soit financière ou humaine. Exerçant à la fois dans un cadre judiciaire – il est alors désigné par un tribunal en cas de redressement ou de procédure de sauvegarde – mais aussi en prévention, l’homme a toujours le même but : décortiquer la structure d’une entreprise, comprendre son fonctionnement et proposer des solutions pour atteindre un objectif préalablement fixé. Plébiscité pour sa lucidité et sa volonté de dénicher des pistes de sortie de crise avec bienveillance, Serge Préville incarne une image moderne de la profession. Celle d’un expert qui sait négocier avec des dirigeants chevronnés, des banquiers impayés ou des chefs entreprises de taille plus modeste. Profondément libre, il ne porte aucune étiquette. À la fois provincial et parisien, juriste et financier, épris de justice et féru d’indépendance, ce touche-à-tout qui a le sens des affaires sans être un pur businessman ne rentre dans aucun moule. Ce qui le distingue des autres administrateurs judiciaires de sa génération ? Son intelligence de situation et sa capacité d’adaptation. Y compris dans des dossiers complexes. « Il gère avec un sang-froid étonnant pour son âge », témoigne Alain Miroite, l’un des associés fondateurs du Cabinet AJAssociés, étude au sein de laquelle Serge Préville exerce depuis quinze ans. Même analyse pour l’avocate Géraldine Astrup, qui a travaillé aux côtés de l’administrateur dans le cadre de plusieurs affaires : « L’aspect humain est très important dans son métier. C’est quelque chose qu’il a bien compris. Il a toutes les qualités requises pour qu’un dossier se passe bien. C’est d’ailleurs toujours le cas. »
« ll sait analyser une situation très rapidement et ses dossiers avec un sang-froid étonnant »
Intuition et sens de l’entreprise
Serge Préville n’est pas un homme d’ego. Il suffit de le rencontrer pour s’en apercevoir. « Il est à la fois rassurant et sécurisant, poursuit l’avocate. Il sait où il veut amener un dossier, mais n’emploie jamais la force pour y parvenir. Il est davantage dans l’adhésion. » Ce qui n’empêche pas l’administrateur de faire entendre son point de vue avec détermination lorsque la situation le nécessite. « Dans notre cas, il a parfaitement su convaincre toutes les parties prenantes », explique le dirigeant d’une entreprise qui a été accompagnée par Serge Préville il y a quelques années. Ses autres atouts ? Son sens du business. Mais aussi son intuition et sa faculté à « actionner les bons leviers ». Sans jamais fléchir. « Son intervention a été véritablement bénéfique pour notre société », poursuit le dirigeant en question. Une vision de l’entreprise que Serge Préville s’est forgée au fur et à mesure des années et des dossiers traités.
- Il intègre le cabinet AJAssociés en tant que stagiaire en 2004.
- Il fait ses armes au sein de plusieurs bureaux du cabinet, notamment à Paris, Versailles et Orléans mais aussi à Pointe-à-Pitre et Fort-de-France.
- Il navigue aujourd'hui entre Paris, Chartres, Poitiers et Orléans.
- Il dispense des cours de droit des entreprises en difficultés à l'EFB et à la Faculté.
À la croisée des chemins
Ni « fils de » ni un « neveu de », il avance sans passe-droit. « Enfant, je voulais être père Noël », assure-t-il avec la simplicité, l’humilité et la dose d’humour qui le caractérisent. C’est à la suite d’une succession d’événements fortuits qu’il entend parler de la profession d’administrateur judiciaire. « Adolescent, je ne savais pas quoi faire, j’étais plutôt bon élève et autant attiré par les matières scientifiques que littéraires, alors j’ai intégré une Sup de Co », raconte celui qui se dirige instinctivement vers la filière financière. Il y découvre la matière juridique et le cas spécifique des entreprises en difficulté. « C’est là que j’entends parler du métier d’administrateur judiciaire pour la première fois », assure-t-il. Intrigué, l’étudiant cherche à en savoir davantage : « Notre professeur m’a conseillé de contacter son mari qui exerçait au sein de l’étude AJAssociés. C’est ce que j’ai fait sans réfléchir. » Dès 2004, Serge Préville rejoint la structure en tant que stagiaire. Une révélation. Ce qu’il apprécie avant tout dans le métier ? L’enjeu qui existe dans chacun des dossiers à traiter. Mais aussi le rôle de l’administrateur judiciaire et sa position à la croisée des chemins. Entre le monde du droit et celui du chiffre. Entre les considérations financières et les questions sociales. Au milieu des banquiers, des actionnaires, des repreneurs et des salariés.
Une grande capacité de synthèse
Parce que le métier lui plaît, Serge Préville s’engage pleinement dans cette voie. En qualité de collaborateur, il prend ses marques aux côtés de professionnels reconnus de la profession comme Franck Michel ou Alain Miroite et se forge une expertise solide. D’abord à Tours, puis à Versailles, Pointe-à-Pitre, Fort-de-France et Orléans. Des univers radicalement différents. Mais la logique, elle, est toujours la même. « Les administrateurs judiciaires doivent s’adapter à des contextes singuliers, notamment en matière sociale », explique-t-il. Très vite, ses pairs remarquent sa vivacité d’esprit et sa clairvoyance. « Il sait analyser une situation très rapidement », témoigne Alain Miroite auprès de qui il exercera à Pointe-à-Pitre. « Il a une très grande capacité de synthèse », confirme Géraldine Astrup. Si les connaissances juridiques et financières sont indispensables, ce ne sont, pour Serge Préville, que des outils pour mener à bien sa mission.
« Il est très compétent techniquement. Mais ce qui le distingue des autres, c'est avant tout le naturel avec lequel il traite ses dossiers et sa capacité à mettre ses interlocuteurs en confiance »
« Il est très compétent techniquement, abonde l’avocate. Mais c’est aussi le cas des autres administrateurs judiciaires. Ce qui le distingue, c’est avant tout le naturel avec lequel il traite ses dossiers et sa capacité à mettre ses interlocuteurs en confiance. Dans une période de turbulences, c’est toujours très plaisant d’avoir une boussole, un cap. Il tient parfaitement ce rôle sans jamais écraser qui que ce soit. » Pas question pour Serge Préville d’adopter une posture omnisciente. Encore moins de se poser comme le sauveur d’une entreprise. Mais plutôt de se montrer à l’écoute, de chercher à comprendre l’histoire d’une société, d’un entrepreneur, d’un dirigeant.
Sympathique et rassurant
Progressivement, l’administrateur traite des sujets de plus en plus singuliers, impliquant des sociétés de toute taille. Si bien qu’il gravit les échelons au sein de l’étude AJAssociés, jusqu'à devenir associé en 2015. Chaque dossier est différent. « Souvent, le but est de préserver l’emploi. Mais il faut parfois sortir de soi-même pour déterminer des objectifs différents, en humanité.» Lucide, Serge Préville reconnaît avoir vécu des moments délicats. Notamment lorsqu’il a fallu mener des entretiens de licenciement aux côtés d’un dirigeant effondré sur le plan psychologique. « Nous devons faire attention à ne pas être trop des éponges », assure celui qui est reconnu dans la profession pour ses qualités humaines. « En plus d’être sympathique, il est rassurant et toujours disponible », note un chef d’entreprise.
Garant des principes fondamentaux
Son souvenir le plus marquant ? Lorsqu’il est sollicité par le dirigeant d’une société spécialisée dans l’aéronautique afin de remplir un dossier de dépôt de bilan. « J’étais persuadé qu’il y avait autre chose à faire », explique celui qui convainc le Dirigeant de lui laisser trois semaines pour trouver des solutions. Le dossier a duré un an et demi. Il a été émaillé de bonnes et de mauvaises surprises. Mais la société en question est restée in bonis et poursuit aujourd’hui encore son activité. Aucun licenciement n’a été prononcé. » Une fierté pour Serge Préville qui aime le contact mais aussi la rigueur morale inhérente au métier : « Nous sommes garants de principe fondamentaux et du droit. C’est pour cela que les entreprises et les Tribunaux font appel à nous. Les juridictions, partout en France, font un travail incroyable pour développer la prévention des difficultés et maintenir au mieux les emplois. Nous sommes, dans cet objectif, à leur disposition.»
« En plus d’être sympathique, il est rassurant et toujours disponible »
Le goût des choses simples
Et c’est ce qu’il a l’intention de continuer à faire à l’avenir, tout en portant haut les couleurs d’une profession pas toujours reconnue à sa juste valeur. « Il y a beaucoup d’idées reçues, de méconnaissance, voire de fantasmes autour de notre métier, assure Serge Préville qui remarque toutefois une évolution des mentalités. Depuis quelques années, la concurrence s’est renforcée. Cela est positif à mon sens car cela permet d’assurer aux acteurs économiques la possibilité de choisir le professionnel qu’ils souhaitent charger d’une restructuration ou d’une négociation. » Et lorsqu’il n’a pas le nez dans les dossiers, Serge Préville dispense des cours, à l’EFB ou à la faculté. Passionné et engagé, l'administrateur qui navigue entre Paris, Chartres, Orléans et Poitiers, ne compte pas ses heures. Il trouve toutefois le moyen d’évacuer la pression en jardinant dans le Perche, sa région natale. Pas de démonstration de réussite ni d'effet de manche surfait chez Serge Préville. Preuve que le talent se loge dans la simplicité.
« Nous sommes garants des principes fondamentaux et du droit. C’est pour cela que les entreprises et les Tribunaux font appel à nous (...). Nous sommes à leur disposition.»